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La croissance démographique du Canada : de 1851 à 2061

Depuis 1851, la croissance démographique du pays a varié :

  • Au cours des décennies entre 1861 et 1901, la population a augmenté lentement de quelques millions de personnes, à un taux d'accroissement annuel moyen inférieur à 1,3 % (figure 1).
  • Entre 1901 et 1921, la population a augmenté de près de 3 % en moyenne par an. Cette croissance a ensuite lentement décru dans les décennies suivantes pour atteindre à peine plus de 1 % entre 1931 et 1941, son plus bas niveau jusqu'alors.
  • Au cours des décennies de 1941 à 1971, la population a augmenté notamment sous l'effet du baby-boom et d'une immigration soutenue. Durant cette période, le taux d'accroissement annuel moyen était légèrement supérieur à 2,1 %.
  • Depuis le début des années 1970, le taux d'accroissement démographique est constant à un niveau légèrement supérieur à 1 % en moyenne par année.
  • Avec un taux d'accroissement annuel moyen d'un peu plus de 1 %, la croissance de la population canadienne était la plus élevée parmi les pays du G8 au cours des 10 dernières années. 

La croissance démographique peut être décomposée en deux facteurs : l'accroissement naturel et l'accroissement migratoire.

L'accroissement naturel est la différence entre le nombre de naissances et de décès au cours d'une période donnée. C'est ainsi que se renouvelle toute population en l'absence de migrations.

L'accroissement migratoire est la différence entre le nombre d'immigrants, qui arrivent au pays, et d'émigrants, qui quittent le pays.

Un accroissement migratoire négatif à la fin du 19e siècle

Durant plusieurs décennies des 160 dernières années, l'immigration a grandement contribué à la croissance démographique du Canada.

Cinq décennies ont cependant été marquées par un accroissement migratoire négatif : les quatre dernières décennies du 19e siècle (1861 à 1901) ainsi que les années 1930 (1931 à 1941). Durant ces périodes, la croissance de la population canadienne ne reposait donc que sur l'accroissement naturel, qui était toutefois largement suffisant pour compenser les pertes migratoires.

Entre 1861 et 1901, le Canada a connu quelques vagues d'immigration, principalement d'Europe (figure 2). À partir de 1880, de nombreux immigrants dont certains d'Asie, sont venus au Canada afin notamment de travailler à la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique.

Cependant, davantage de personnes, surtout celles vivant dans l'est du pays, quittaient alors le Canada principalement à destination des États-Unis en raison, entre autres, des effets de la Longue Dépression (1873 à 1896), du manque de terres agricoles et de l'attrait économique que représentaient les usines américaines.

C'est donc la fécondité des Canadiennes, qu'on estime à plus de cinq enfants par femme en moyenne, qui a été l'unique moteur de la croissance démographique de cette période.

Dans les années 1930, l'accroissement migratoire était également légèrement négatif notamment en raison du contexte économique et social découlant de la Grande Dépression amorcée en 1929. Le nombre d'immigrants admis au Canada a alors considérablement diminué, passant d'en moyenne 123 000 par année durant les années 1920 à moins de 16 000 durant les années 1930 (figure 2).

L'accroissement naturel était également à son plus bas niveau jusqu'alors, la fécondité s'abaissant à moins de trois enfants par femme en moyenne au cours de cette décennie, soit un niveau jamais vu auparavant.

Deux périodes de croissance démographique soutenue

Deux périodes ont été caractérisées par un accroissement naturel et un accroissement migratoire soutenu, soit de 1901 à 1911 et de 1941 à 1961.

Au début du 20e siècle, un grand nombre d'immigrants sont venus s'établir au Canada, notamment pour peupler l'ouest du pays. Entre 1901 et 1911, plus de 1,2 million d'immigrants, principalement d'Europe, sont arrivés au Canada, engendrant un accroissement migratoire alors jamais observé auparavant. De plus, la fécondité était également élevée avec presque cinq enfants par femme en moyenne.

Une hausse significative de la fécondité des Canadiennes est à l'origine du baby-boom qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale et qui s'est poursuivi jusqu'au milieu des années 1960, entrainant à la hausse l'accroissement naturel à cette période. De 2,6 enfants par femme en 1937, la fécondité est passée à 3,9 enfants à la fin des années 1950, un niveau qu'on n'avait plus observé depuis le début du siècle.

L'immigration a également repris à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et a été particulièrement élevée durant les années 1950. En 1957, le Canada accueillait plus de 282 000 immigrants dans le contexte des crises hongroises et du canal de Suez, ayant pour effet un fort accroissement migratoire durant cette décennie.

Depuis 2001, l'accroissement naturel n'est plus le principal moteur de la croissance démographique

Entre 1851 et 2001, l'accroissement naturel a été le principal facteur à l'origine de la croissance démographique du Canada. Depuis la fin des années 1960, l'accroissement naturel est à la baisse et n'explique plus que le tiers de la croissance démographique depuis 2001. Cette baisse est liée à deux facteurs.

Le premier facteur est la diminution rapide de la fécondité à la fin des années 1960 et durant les années 1970 ainsi que sa relative stabilité depuis. En 1976, la fécondité atteignait moins de 1,8 enfant par femme, entrainant une chute du nombre de naissances durant cette période (figure 3).

Depuis le milieu des années 1970, le nombre de naissances stagne à un niveau inférieur à 400 000 par année, sous l'effet d'une fécondité relativement faible et oscillant entre 1,5 et 1,7 enfant par femme.

Le deuxième facteur est la hausse continue du nombre de décès (figure 3), sous l'effet du vieillissement démographique (une proportion de plus en plus importante de la population se situant aux âges avancés, où la mortalité est plus élevée) et sous l'effet de la croissance de la population.

En conséquence, le nombre de naissances et de décès converge depuis la fin du baby-boom au Canada et l'accroissement migratoire prend une place de plus en plus importante dans la croissance démographique canadienne récente.

Projections : la croissance démographique pourrait reposer presque exclusivement sur l'accroissement migratoire

Selon tous les scénarios des plus récentes projections démographiques de Statistique Canada, il est attendu que l'accroissement naturel continue de diminuer dans les prochaines décennies en raison de la hausse projetée du nombre de décès (figure 3).

Le vieillissement de la population s'accélérera entre 2011 et 2031, les baby-boomers atteignant durant cette période l'âge de 65 ans. Les premiers d'entre eux atteindront 80 ans, âge où la mortalité est élevée, dès 2026, entrainant une accélération significative de la hausse du nombre de décès.

Le scénario de croissance moyenne des projections démographiques, qui suppose un taux d'immigration de 7,5 immigrants pour 1 000 habitants et une fécondité de 1,7 enfant par femme, indique que l'accroissement migratoire pourrait expliquer plus de 80 % de la croissance démographique canadienne à partir de 2031, comparativement à environ 67 % actuellement (figure 1).

En l'absence d'un niveau d'immigration soutenu ou d'une hausse substantielle de la fécondité, la croissance démographique du Canada pourrait, d'ici une vingtaine d'années, être proche de zéro.

Remerciements

Ce rapport a été préparé par Laurent Martel et Jonathan Chagnon, de la Division de la démographie de Statistique Canada, en collaboration avec des membres du personnel du Secrétariat des domaines spécialisés du recensement, de la Division de la géographie, de la Division des opérations du recensement, de la Division de la diffusion et de la Division des communications de Statistique Canada.

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